Il y a la tempête dehors, j'ai jamais vu autant de vent ! Mais bon, c'est bien, ça me permet de travailler, étant donné que je ne peux pas dormir. Faut dire aussi que les Français, dans le salon, sont en train de brailler, y en a même une qui glousse tellement fort que j'ai peur qu'elle s'étouffe.
Bref, j'ai commencé à préparer une leçon d'enfer pour mes élèves de lundi. D'ailleurs, je vais me mettre de la musique sur les oreilles pour arrêter d'être obligée de subir les caquettements de la basse cour française. Ah maudits français !
Je ne vous dirais pas ce que j'écoute parce qu'il faut que ce soit du son bien gras pour couvrir les hurlements d'à côté... enfin, en tout cas, je prends ma pause et ensuite, j'irai regarder un film.
Ainsi donc, je voulais vous parler d'un large sujet... les filles, vous avez sûrement refusé un grand nombre d'invitations de garçons en tout genre, peut-être que vous reconnaîtrez ici certains spécimens rencontrés. Vous m'en direz tant.
En France, on se fait aborder très régulièrement, même voire surtout quand on a la tête de la fille qui vient de se lever et qui est dans ses bons jours. On peut se faire aborder par beaucoup de garçons différents.
- Dans un train de banlieue m'amenant dans la région parisienne, j'ai eu le bonheur de me faire aborder par un Algérien quelque peu intéressé :
- salut, tu es kabyle ?
- non
- ah parce que tu as la peau mate et les yeux verts
- bah non, désolée
- tu veux prendre un verre avec moi quand on arrivera à la gare ?
- euh non merci, on m'attend.
- allez, vas-y...
- et puis, je suis mineure et je suis pas sûre que ça plaise à ma mère.
- ah ok, bon, salut alors.
Là, pour une fois que j'ai su tirer parti de ma mythomanie et de mon physique de gamine, j'étais plutôt fière... et soulagée.
Toujours dans un train, un autre mec me fait la conversation, me donne son numéro de téléphone - que je me suis empressée de déchirer et de jeter - me demande si j'ai un copain, c'est à ce moment là que mon coloc militaire de l'époque me sauve la vie en m'écrivant le sms : "c'est moi qui fais à manger ce soir, tu rentres à quelle heure ?" Ah, merci. Le mec, pas trop con, me demande quand même depuis quand on sort ensemble, je réponds "trois semaines mais on sortait plus ou moins ensemble avant". La mythomanie va me perdre un jour. Maintenant, pour ne pas me faire avoir sur la dite date, je réponds en fonction du 1er janvier pour être sûre de pas me planter. et puis, ce qu'il y a de pratique avec le 1er janvier, c'est que c'est tout à fait cohérent, c'était la fête et puis voilà.
Dans ma petite ville, en passant devant le tram, un mec m'aborde :
- eh, je suis algérien, tu es belle, tu veux m'épouser ?
Plus direct, tu meurs et puis, on peut pas dire que je me trouve particulièrement jolie, surtout ce jour-là, en train de me dépêcher, toute essouflée, probablement les cheveux n'importe comment, avec mon manteau beaucoup trop grand pour moi... mais bon, au moins, ça fait sourire.
Le tram, même endroit, un jour, Abdoula vient me voir :
- salut, je m'appelle Abdoula, je suis ivoirien, je cherche une française pour avoir les papiers.
Là, oui, j'ai cru rêver, le mec en question ne me connaissait pas et il avait même pas peur de me dire qu'il était dans mon petit pays en tant que clandestin...
- tu veux aller boire un verre, je t'invite, tu descends où ?
- euh, écoute, il est 10h du matin, je vais en cours...
- ah ouais, tu étudies quoi ? Tu veux pas qu'on sorte ensemble après tes cours ? On va en boîte si tu veux.
(...)
- Un café alors avant tes cours ? Tu es belle, je veux te connaître plus, comme ça, on pourra se marier et je serais français.
- c'est bête, mais je pars au canada dans quelques mois.
Et puis, je descends pour aller en cours. Il a eu de la chance que j'ai pas appelé ma marraine flic, tiens.
Un soir, en attendant le tram après avoir été au judo, un groupe de huit mecs bourrés s'approchent de moi. Le "leader", plutôt mignon, commence à se mettre à genoux devant moi et à me chanter des chansons. Il me dit : veux-tu m'épouser ? Et il se lève, me fait des câlins. Dans ma tête, je suis en train de me demander comment je vais faire pour tuer huit mecs d'un coup si ça tourne mal. D'autant que les autres commencent aussi à me faire des câlins et le tram n'est pas prêt de venir. Un mec, un peu moins bourré que les autres dit à ses copains, eh arrêtez, vous lui faites peur. Et là, miracle, je peux recommencer à respirer, libérée de l'étreinte étouffante de quelques garçons, d'autant que la bière, j'aime pas.
Mais je ne risquais de recevoir une demande en mariage d'un garçon pompier du judo, ah ça non ! Il était violent avec moi parce que je suis une fille et j'étais plus gradée que lui, alors ça ne lui plaisait pas. Il m'a fait mal, le bougre, alors il a connu les souffrances interdites masculines. Il est passé au dessus de moi, mon genou faisant levier sur ses parties intimes... oops.
Ok, c'était pas sympa, j'ai d'ailleurs été gratifiée d'un petit 'tu es vraiment qu'une salope' bien mérité mais j'ai été plus cool avec mon cavalier, le jour du bal quand il s'est approché de moi, toutes mains en avant. Il a simplement reçu mon sac à main dans la figure avec énergie.
Après, il a aussi tout le gratin d'internet et des mecs en manque qui veulent soit trouver une française à épouser, soit une fille tout court. C'est vraiment fou l'effet qu'on fait aux garçons sur internet. Et sans photo !
Une fois, y a un mec qui m'a littéralement dit qu'il était sur ce site pour trouver une française à épouser et que si j'étais pas intéressée, fallait que je lui présente une de mes amies. J'y penserai, promis. Et quand tu dis que tu n'es pas intéressée ou que tu as un copain militaire depuis le 1er janvier, ça ne les freine que peu. Navrant, tout juste navrant. Il faudrait écrire sur son profil : je ne suis pas à prendre. Et ce, dans tous les sens du terme...
Enfin, à l'inverse, beaucoup de filles m'insultent régulièrement parce que je n'ai jamais eu de copain digne de ce nom et qu'ainsi, à mon âge fort avancé, je vais finir vieille fille, d'autant que je ne sais pas aimer puisque je n'ai jamais eu de copain, dixit une de mes anciennes colocs. Alors, en fait, rassurez-vous, je ne finirai pas vieille fille, déjà parce que j'ai l'embarras du choix des boulets, et ensuite parce que je porte des strings ! Ah si, là, ça change tout ! Maman s'était trompée au lycée et m'avait acheté des strings, il a bien fallu les mettre, ça mord pas et on va pas jeter des culottes. Un jour, en classe, ma copine - stupide - de classe me dit que moi, Mi, je mets pas de strings de toute façon et que je suis coincée. Oh miracle, j'en portais justement un ce jour là, je lui montre et elle s'écrit : oh, j'étais sûre que tu allais finir vieille fille !!!
Je rentre, je raconte ça à ma mère qui me répond : moi, j'en mets pas, j'ai quatre enfants, est-ce que je suis quand même vieille fille ?
On a pas réussi à répondre à la question, le mystère reste entier. Ma mère est probablement une vieille fille, en plus, elle a trois chats... oh la honte.
Moralité : Des mecs en manque ne manquent pas. String ou non.
Mi