Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 décembre 2012 2 18 /12 /décembre /2012 00:12

Non, le titre, même si je suis obsédée par la nourriture, n'a en fait pas grand chose à voir avec un cours de cuisine. Simplement pour vous raconter mes premières années en colocation dans cette ville où je suis encore pour quelques jours et ces derniers jours seront bien les derniers dans cette ville, croyez-moi !

Le rapport avec le titre ? C'est que j'ai appliqué mon principe de l'oignon pour ma propre survie et je m'en vais vous le présenter. Avant toute chose, j'aimerais également préciser que ce que je vais relater comme faits et gestes s'avère tout à fait authentique. Certes, je vous ai entraîné dans ma mythomanie innomable mais de temps en temps il est bon de rendre compte de quelque réalite. Sur ce fait, nous pouvons commencer par l'année 1 et vous comprendrez à quel point cette première année a été formatrice et que sans le principe de l'oignon, en plus d'être mythomane, j'aurais été internée.

Première année, j'avais tellement voulu aller là-bas (présentement ici) que je m'en fichais de où j'allais tomber, sur qui et comment. Je faisais confiance à mes parents qui m'avaient trouvé un foyer tout équipé, qui semblait génial. Un an que j'attendais d'emménager ici et m'y voilà. J'ai huit colocs, avec moi, on est neuf. Cinq filles, quatre garçons. Je suis à un étage, où nous sommes que deux filles. Le premier jour, je rencontre un garçon, le responsable me dit qu'on doit aller faire les courses ensemble pour qu'il me montre où sont les choses. En chemin, je me rends compte que ce garçon est en réalité un imbécile fini. Zut. Il fait exprès de me provoquer, il semble n'avoir aucun respect pour ce qui l'entoure, etc. Cela commence bien. De retour au foyer, je tombe sur une fille qui, vraisemblablement est trop heureuse de rencontrer quelqu'un et elle me raconte toute sa vie. Bon, sur le coup, je suis un peu abasourdie et je préfère de loin la présence de cette fille à celle du garçon. Une fille passe en coup de vent, elle doit aller en cours. Deux blondes arrivent, elles commencent à dire qu'elles doivent faire la fête jeudi soir et qu'elles vont se bourrer la gueule. Par la suite, j'ai rencontré les trois autres garçons. En fait, il n'y en a qu'un que j'apprécie réellement dans le lot. 

Première étape à la survie : empêcher que la fille qui aime raconter sa vie, entre dans ma chambre, s'allonge sur le divan, que dis-je, mon lit et m'empêche que de bosser, même quand je lui dis que j'ai beaucoup de boulot. Premier réflexe : s'enfermer à clef dans la chambre. Il s'est avéré que j'ai dû regretter mon geste une fois, j'avais plus de 39 de fièvre, personne ne pouvait m'aider, j'étais tombée par terre, entraînant dans ma chute mon téléphone portable, une chance pour appeler maman. Je n'avais pas grand chose à faire d'autre, ma boîte de médicament étant en haut de l'armoire (depuis, je la mets toujours près de mon lit), je suis restée à prendre le frais pendant deux heures sur le sol. Mais bon, ça, c'était pas trop grave, valait mieux être seule que mal accompagnée. Entrons dans le vif du sujet. A l'époque, je n'avais pas d'ordinateur personnel, et je devais me rendre à la salle à manger pour utiliser un ordinateur, or la fille qui aime parler venait s'assoir à côté de moi pour me raconter encore sa vie et lire mes messages ! Heureusement que je parlais alors en message codé avec ma meilleure amie et qu'elle comprend un peu l'allemand pour que la communication se fasse. Mais si seulement une coloc était névrosée, je pense que j'aurais survécu. Or, il s'est vite avéré aussi que je suis devenu l'infirmière en plus d'être la psy du foyer ! Et je devais également rendre des pseudo comptes au responsable. 

Quand il y avait un petit bobo, c'était mimi qu'on venait voir, pas grave, j'ai le matos mais c'était quand même curieux que personne n'aille voir l'étudiant en médecine, vous savez, l'irrespectueux. Et pour un peu qu'on allait pas le voir, il était raciste, macho, imbu de lui-même et surtout très con. Evidemment, quand on est pas français de chez français, septième génération, ça ne sert à rien d'aller le voir, le médecin ne vous prendra pas, on ne traite que les blancs français avec particule (illocutoire) ici ! Noté. Alors, Mi, elle, elle a fait du boycotte, et tout le monde passait à son cabinet, elle a soigné entorse, bobo, ampoules, peine de coeur, angoisse, taillage de veines. Elle se sentait tellement dépassée que quand le toubib de pacotille a commencé aussi à insulter les Polonais, elle a cru qu'elle allait le balancer par la fenêtre sans faire exprès, ah non sauf si c'est le jour où il lui a dit que les camps de concentration était finalement une bonne chose parce qu'il y a trop de gens sur terre, à moins que ce soit la fois où il a dit que les femmes étaient plus faibles que les hommes et que c'était pour ça qu'instinctivement elles cherchaient des partenaires plus forts, plus beaux, et plus intelligents qu'elles. Quand j'y repense, je me marre, c'est tellement con mais sur le coup, j'étais tellement sous le choc que je ne pouvais pas discuter avec lui. Enfin, bref, il y en a eu des occasions pour le jeter par la fenêtre. 

Et Mi a également été réveillée à minuit veille d'examen par une de ses colocs parce qu'elle s'était taillée les veines (oui, j'ai dit que tout ce que je dirai sera authentique), la coloc, j'entends. "Attends, bouge pas, je cherche mes lunettes, mets pas de sang partout parce qu'il faudra que je nettoie et là, je suis un peu fatiguée." Oui, faut éviter de me parler quand je dors, c'est mieux. Donc après avoir trouvé les lunettes, je désinfecte et tout le bazar, bandage, mots doux, et hop au dodo. Je crois que la coloc en question a été surprise devant mon aspect blasé. Faut dire que c'était pas la première fois qu'elle faisait des bêtises celle-là. Heureusement que j'ai mon brevet de secouriste, on peut dire que j'ai bien rentabilisé la formation ! Comme c'était moi maman bobo, dès qu'elle faisait une crise, on m'appelait, quelque soit l'heure, bon, c'est vrai qu'il valait mieux que j'intervienne pour ma propre sécurité et du coup, j'ai appris très vite à prévenir les crises et à la soigner. Je me suis aussi renseignée sur sa maladie chronique, et je n'avais pas peur. Il fallait simplement que je fasse attention au moment où elle se déconnectait de la réalité et parlait avec son autre moi maléfique. Sinon, ça allait. Faut dire aussi que quand elle sortait le jeudi soir, en général, le lendemain, on racommodait genoux et collants. Un jour, un coloc a eu la charmante idée d'inviter ses amis de l'aumônerie, un des gars prend à part ma coloc malade et lui dit qu'elle n'a pas assez la foi et que c'est pour ça que Dieu la punit, ouh, lui aussi a failli mourir de mes mains, surtout que j'étais dans la pièce, j'ai dû sortir pour ne pas lui exploser le crâne contre le mur. Je convoque ma coloc illico, je répare tous les dégats qu'il vient de faire sur plusieurs moi de travail, il n'y avait presque plus de crises et voilà que le soir même, rebelotte, une petite crise. Ah j'aurais bien voulu qu'il vive avec nous cet énergumène, il aurait compris qu'il y a des choses qui ne se disent pas surtout quand elles sont stupides. 

Je commençais à désespérer devant des colocs aussi fou mais je ne vous les ai pas encore tous présentés. Ma voisine de palier avait mal commencé l'année, elle venait de loin, elle ne connaissait pas vraiment la france alors elle invitait des garçons très régulièrement dans sa chambre, des différents à chaque fois pour varier. Une fois, trois heures du matin, lumière dans le couloir, coups dans les murs, bourrés, ils vont dans sa chambre... Le lendemain, le médecin pousse sa gueulante, pour une fois, j'étais d'accord, jusqu'à ce qu'il la traite de nymphomane. Bon, ok, elle est un peu perdue mais bon, pas la peine de l'insulter non plus. Bref, une année de test pour elle, des mecs en boîte, un mec marié, et j'en passe donc elle avait besoin de soutien elle aussi et moi de dormir. 

La garçon qui avait invité le blasphémateur voulait entreprendre une année religieuse et le coloc que j'aime toujours bien l'avait surpris un jour en train de regarder un film gay, il a par la suite découvert que sur l'ordinateur de celui-ci, il n'y avait pas qu'un seul film gay. Pour un futur prêtre, je comprends qu'il ait été choqué mon cher coloc. Un autre coloc était en droit, il était ami avec le raciste mais parfois on pouvait avoir quelques discussions, malheureusement que quelques mais c'était déjà ça et la dernière coloc ne vivait même plus au foyer donc on ne la voyait presque jamais.

Un jour, j'ai craqué, j'en pouvais plus de vivre dans un asile de fou, je suis allée voir le psy de la fac pour lui demander de l'aide.

"Vous comprenez, chez moi, ils sont tous fous, je vais devenir cinglée aussi !" 

"Vous êtes une petite fleur qui a besoin d'eau et de soleil, mais pas trop d'eau ni trop de soleil"

Devant ce conseil si précieux, je ne suis pas retournée le voir et j'ai continué à survivre comme j'ai peu. 

 

Quand je vous dis que ma ville est une ville de fous, je vous dis la stricte vérité ! Les radiations de l'asile en bas de la rue doivent se propager dans le quartier, c'est pas bon. La situation devenait critique, on a eu une réunion de foyer où le responsable nous a pris un par un, quand mon tour est arrivé, et je suis plutôt de nature calme, il a été choqué de m'entendre dire "je veux le balancer par la fenêtre, elle a des problèmes psychologiques grave : elle est schyzophrène, elle invite des garçons dans sa chambre quasiment toutes les nuits, je ne peux pas dormir, j'aimerais avoir accès à la salle informatique du dernier étage pour me cacher et travailler tranquillement, je ne veux plus que les gens de l'aumônerie soient invités". Et bah, illico, j'ai eu accès à la salle informatique du dernier étage, mon coloc gentil m'a formaté un vieux pc, c'était parfait, et le reste s'est fait remonter les bretelles, Mi la balance, c'est moi mais ah bonheur, j'ai pu dormir un peu et continuer mes études surtout que c'est à ce moment là que maman est tombée malade, cancer. Soutien au foyer : zéro. Soutien à l'école, ah parlons en. J'avais une copine dont la mère avait aussi eu un cancer (la mienne attendait les résultats pour savoir si le cancer était généralisé ou non), elle m'a dit que je me plaignais trop et que si ma mère devait mourrir, elle mourrait. Oui, de fait. Soutien pas mieux à la fac donc. A la fin de l'année, je me suis rapprochée d'une fille que je considère toujours comme mon amie et qui m'a réellement soutenu et donc la mère avait aussi réchappé d'un cancer. La mienne est en rémission aujourd'hui mais ne va pas fort...

Bref, une année de folie et dans tous les sens du mot !

Tellement heureuse de cette année, que j'ai décidé d'aller en crous l'année suivante, et comme Mi l'infirmière était encore présente dans les esprits, j'ai eu la joie de m'occuper d'un mec qui était tombé de sa fenêtre sous les yeux de ma copine qui était alors en train de me parler. Je rerencontre une étudiante en médecine, qui dit laissez-moi, je sais comment on fait, je suis en première année de médecine, faut le bouger ! AAAAh, il a du sang dans la bouche, il a un poumon percé, ahhhhhh. Grande crise de panique, je la pousse, je ne bouge surtout pas le gars en question qui était bourré, mais quelque chose de bien. Le sang dans la bouche, simplement parce qu'il s'est coupé, rien de bien grave. Il dit qu'il a froid, évidemment, il fait - 5, bah qui pose son manteau ? Mi la courageuse qui a que la peau sur les os. Je le maintiens éveillé, les pompiers arrivent. Ah par contre, qu'ils sont canons les pompiers dans ma ville ! L'étudiante en médecine va se faire mousser auprès des pompiers, dragouille, histoire de. Un pompier vient me voir auprès du mec, il me demande si je suis aussi en médecine et toute fière, je lui dis : non, je suis secouriste. Ah, ça lui a plu à mon beau pompier ! Ma petite revanche. Ensuite, je demande si je peux reprendre mon manteau et on s'en va. 

Finalement, la troisième année, je décide de revenir au foyer, et oh quelle joie, deux charmants colocs, adorables, j'en pleurais de joie, ça a choqué mes dits colocs ! Un militaire super cool qui faisait trôner sa mitraillette sur la table de la cuisine, et une fille trop gentille qui aimait les films, le pied. Mon coloc militaire a même eu l'occasion de me sauver la vie (alors qu'en première année, c'est moi qui avait sauvé la vie d'une de mes colocs qui allait se faire écraser par une voiture), en m'écrivant un sms alors que j'étais dans le train encore en train de me faire emmerder par un mec "tu rentres à la maison à quelle heure ? C'est moi qui fais à manger", oh bonheur, la mythomanie me tendait les bras. Tiens, regarde, j'ai un copain, il est militaire, il me demande à quelle heure je rentre ce soir, il me fait un petit plat, oh il est mignon - lâche moi, crétin !

Pour en revenir au thème de l'oignon, dans oignon, il y a "non", apprendre à savoir dire non, c'est primordial, ensuite, un oignon, c'est chacun qui s'occupe de ses siens à lui, donc toujours s'occuper de ses propres oignons, ça sauve son homme, y a aussi plusieurs couches sur un oignon, il suffit de gratter un peu pour savoir ce qu'il y a derrière tout ça et permettre de mieux saisir l'oignon et ainsi de survivre en le mangeant en connaissance de cause. Un oignon ça fait pleurer, c'est clair mais si on sait éviter les attaques de l'oignon, on peut éviter les pleurs et on s'en porte pas moins bien.

Bref ensuite, les années se sont bien déroulées et maintenant, mon temps est fini, je déménage dans quelques jours pour l'éternité !

 

Mi

 

ps : je cherche des colocs dans la prochaine ville où je vais

 

 

 

 

 

 

 

 

Un oignon cru, ça pique, s'occuper de ses oignons.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de Mi
  • : Un tas de trucs et de bricoles.
  • Contact

Recherche

Liens