Ceci est donc la suite ou le pendant, à vous de voir, de "harcèlement sadique". Commençons directement par les franchement détraqués.
Les VPs version améliorée. Niveau cinquante-douze. Vieux pervers (VP) capable de rester là sans bouger pendant une heure en attendant sa proie. Armes : les mains, les "he mademoiselles" et les postillons. Dangerosité : haute.
J'ai eu affaire plusieurs fois à ce genre de spécimen. Il y avait un asile de fous près de l'endroit où j'habitais (authentique) et parfois certains s'échappaient (sic), et d'autres avaient le droit de se promener. Donc étant donné que je prenais le même chemin qu'eux, dans le sens purement pratique (j'entends !), j'ai souvent fait des rencontres. Une fois, ça ne s'est pas super bien passé. Je prenais donc mon bus où je descendais au terminus. Au début, le bus était bien plein. Donc pas trop de soucis. On arrive à mi chemin et déjà, le bus est quasiment vide. Il reste en tout et pour tout trois gugusses. Comme je suis une habituée de ce bus, je connais un peu les gens qui le prennent aussi. Je savais qu'il ne valait mieux pas engager la conversation avec ceux qui se trouvaient là. Bien. Mi, tu es discrète, tu sors par l'arrière du bus, c'est plus près de chez toi et tu te dépêches, surtout qu'il fait déjà nuit.
Je sors du bus et puis un VP me suit. Mais il me suit vraiment ! Alors je me retourne, il me parle. Zut qu'est-ce qu'il dit ? "Vous habitez où ?" Pardon ? "Loin." "Mais où ? Vous avez quel âge ?" "Euh, ça ne vous regarde pas ! Je dois partir." Je me hâte d'arriver au rond-point mais malheureusement, il y a des voitures. Le méchant monsieur m'a rattrapée. Je me jette sous les roues d'une voiture. Elle pile. Je fonce. L'autre fou commence à courir. Honnêtement, je ne l'en croyais pas capable. Il continue à m'appeler et puis ça ne loupe pas, je me fais insulter. Ca fait toujours plaisir. Le problème c'est que je cours aussi vite que dans les cauchemars quand on est poursuivi par un serial killer, sauf que là, c'est vrai ! Mais quelle idée aussi de courir avec un Duden dans les bras, un sac plein de livres et des chaussures trouées ? Déjà, si on n'avait pas eu cet examen d'allemand, j'aurais pu courir plus vite !
Duden, 3,5 tonnes
Je cours, je cours, je commence à suffoquer parce qu'il faut savoir que je ne suis pas très sportive et qu'en plus je suis asthmatique mais je n'ai aucune intention de m'arrêter pour reprendre mon souffle. Le bougre continue à m'insulter. J'en peux plus, j'ai besoin de m'arrêter mais le miracle de la vie fait que quand on a le diable aux trousses, on continue de courir. Je crois aussi que le fait de l'entendre courir derrière moi tout en m'insultant me donne des ailes. Mais le chemin est encore long et je prie le ciel pour ne pas me vautrer dans la rue à cause de mes chaussures trouées ou d'un quelconque obstacle - étant donné que ma vision est un peu réduite à cause de mon cher Duden. Cela aurait été malencontreux. Puis j'ai une idée. Non, parce que vous comprenez mais 1,5 kilomètre en sprint, je peux pas. Donc je me dis "mais attends, tu as un Duden, là - et je peux vous dire que j'en ai alors bien conscience - tu t'arrêtes, parce que là, sinon tu vas mourir et puis tu l'assommes avec ton Duden !" Je me retourne tout en me demandant comment faire pour soulever 3,5 tonnes au-dessus de ma tête et je m'aperçois qu'il n'y a plus personne derrière moi. En fait, là, j'ai vraiment peur. Parce que la course poursuite est sur une ligne droite ! Il est passé où ? Bon, pas de panique, il en a peut-être eu marre et il est rentré chez lui... Du coup, tous les sens en alerte (hormis les yeux qui ne voient pas grand chose dans le noir), je me dépêche de rentrer. Je ne suis plus très loin. Une fois dans ma chambre, je pousse un soupir de soulagement. C'est ce qui s'appelle avoir eu la peur de sa vie.
Deuxième phénomène-spécimen : le chatteur transi. Niveau cinq à sept. Patient, a bonne mémoire et mauvaise haleine. Armes : ses doigts, son micro ou sa webcam. Dangerosité : moyenne.
J'ai tout eu et de toutes nationalités. Dans ceux que je retiendrai : un Français sadique, un Allemand exhibitionniste, un Anglais suicidaire et un Danois mélodramaniaque.
Commençons par le Français sadique. Il me contacte sur un site de langue, trop heureux de partager sa passion de l'allemand. Décidément, papa a raison. Au début, il est très content d'avoir une copine. Il m'envoie des liens d'humour noir vraiment de mauvais goût. Soit. Il me parle, me parle, dit qu'il va venir me rendre visite quand il sera en vacances (oula, mon gars, du calme !). Et puis ma copine de chambre de l'époque veut voir sa tête. On lui demande une photo tout en lui promettant de lui en renvoyer une de nous. On verra. Il nous envoie un truc. Dans le sens plein du terme. Une demie photo de lui avec des lunettes énormes, en gros, on voit rien. Pas contente, ma copine redemande une photo "correcte cette fois-ci". Il ne veut pas, il veut d'abord une photo de nous. Ma copine envoie une belle photo d'elle. On reçoit un mec avec des lunettes pire que les miennes, pas rasé, pas coiffé, vêtements à peine repassés au bras d'une jolie fille. Ah celle-là, il la gardait quelque part et il y tenait ! La photo, bien sûr, à moins qu'il n'ait enlevé la fille, mais bon, passons. Il faut que j'envoie une photo de moi maintenant... Ma copine savait que je n'avais pas envie. J'envoie donc une photo où je me cache le visage. Pris au dépourvu, il ne sait pas comment réagir et en redemande une autre. Tout en riant d'humour bien noir, il attend. On réussit à dégoter une photo de moi, à moitié dans le noir avec un sourire jusque-là à tel point que l'on ne voit pas mon visage ! Il accepte. S'en suit des pseudos hallucinants, des dédicaces pour des chansons, des mails d'humour noir, les uns les plus horribles que les autres. Dès que je me connecte, il me parle. Il est toujours connecté quand j'arrive. J'en ai ma claque. Je demande à mon coloc ce que je peux bien faire pour avoir la paix. Bloque-le. Je sais pas comment on fait. Tu cliques sur le panneau sens interdit. Voilà, c'est fait.
L'Allemand exhibitionniste est franchement drôle mais je ne regrette pas de l'avoir bloqué. J'étais très contente de parler allemand comme d'habitude et c'est sûrement ça qui l'a perturbé. Il me parle d'un mythe "la femme fatale française" (la quoi ?) et veut donc voir ma tronche. Hors de question. Et toi, tu ressembles à quoi ? Euh, j'ai seulement une photo de moi nu. Hein ? Alors là, j'en reviens pas. Comment on peut avoir une seule photo de soi et en plus nu ! Mais ne t'inquiète pas, on ne voit rien. Non merci ! Et il me l'envoie quand même ! Le lendemain, il me parle de ce rêve qu'ont les étrangers quand ils pensent aux Françaises (les étrangers, mais pas les Anglais, eux croient que les Françaises ne se rasent pas sous les bras...). Tous les jours pendant une semaine, il passe son temps à me demander ma photo sous prétexte que toutes les Françaises sont belles. J'en ai eu marre. Je l'ai bloqué.
L'Anglais suicidaire est d'un tout autre style. C'est moi le contacte pour parler anglais. Mon dieu, quelle erreur ! Au début tout va bien. Il est gentil mais très bizarre. Je me dis que ça doit être son côté "British". On échange les numéros skype et on continue à chatter. Et puis un soir, tout à coup, il me dit que personne ne l'aime parce qu'il est bizarre, qu'il n'a pas d'ami et qu'il est tout seul et triste. Mince. Je vérifie l'heure, il est peut-être fatigué par une longue journée. Mais non, 21h donc 20 chez lui, ça va encore. Je ne pouvais quand même pas nier le fait qu'il était bizarre. Et puis, là il commence à me dire que je suis raciste et que je n'aime pas les Anglais. Oups, j'ai peut-être un peu trop charié. Je m'excuse qu'il ait pu penser ça. C'est vrai que j'adore taquiner - disons-le carrément - emmerder les Anglais. Mais c'est parce que je suis tellement jalouse d'eux que je peux pas m'en empêcher mais franchement, ça reste correct - du moins, je crois. Du coup, ça ne m'a pas vraiment plu. D'autant que je connais vraiment le racisme pour l'avoir expérimenté tous les jours dans différents lieux. Bref, passons. Je lui dis que je l'aime bien, que tout va bien, que la vie est belle. Mais il continue en disant que son style est bizarre, il le sait et que personne ne l'accepte. Oh il me gonfle, je ne suis pas sa psy, encore moins en anglais ! Je peux à peine m'exprimer correctement alors si c'est pour déblatérer (ça ne vient pas de l'allemand ce mot ?) sur les joies et les bonheurs de la vie en anglais, non merci. Je lui dis que tout va bien et je me couche. Le lendemain (oui, mon skype est ouvert tous les jours), il m'écrit et me dit que je peux l'appeler sur son numéro de téléphone. Euh, écoute Coco, ça coûte cher le téléphone. Je lui explique la situation et me répond "bah, tu vois, tu ne m'aimes pas, tu es comme les autres". Mais il est bête ou quoi ? Prise de pitié, je lui explique pour la énième fois que non je ne le déteste pas mais que s'il m'écrit que pour me dire ça, il va falloir penser à se dire au revoir. J'ai déjà donné. Finalement, la semaine, le mois se passent de la même façon que les premiers jours. Et puis Alphonse tombe dans le coma et a une perte de mémoire. Il oublie tout, même skype. Du coup, j'ai recréé un compte et plus de problème d'Anglais. J'avais vraiment pas le coeur de le bloquer, je l'aurais eu sur la conscience. Donc merci Alphonse.
Le Danois mélodramaniaque. Là, pour être tout à fait honnête, je m'en suis sortie aujourd'hui. Et ça faisait un bon moment que ça durait. Toujours le même début, super je peux parler avec un des cinq millions de petits Danois du monde, chouette, je vais apprendre des trucs ! J'avais pas calculé que si les Danois ne sont que cinq millions et des brouettes, c'est qu'il devait y avoir encore moins d'étrangers qui parlaient la langue... Logique ? Donc il était franchement heureux de parler à une Française - mêmes clichés que l'Allemand. Et là, vous pouvez me croire, je n'ai rien fait qui puisse être mal interprété, j'avais envie de le garder ce Danois ! Jusqu'au jour où il m'appelle "ma fleur". Je prends ça pour de l'ironie, du foutage de gueule, enfin rien de bien méchant. J'en parle quand même à mon meilleur ami - qui parle bien mieux danois que moi - et oh la bonne idée que j'ai eu de lui en parler, mon meilleur ami comprend autre chose et se moque de moi. Ah. Euh. Bin, je fais quoi alors ? Et là, les ennuis ont commencé. Il a su que j'allais au Danemark, il voulait à tout prix me voir - le Danois, j'entends, parce que mon meilleur ami, c'est moi qui le harcèle pour qu'on se voit, chacun son truc - et m'envoyait des messages quasiment tous les jours et quand il était sur skype, il avait pour habitude de m'appeler sans crier gare. Je laissais sonner pour qu'il croit que je n'étais pas là. Et puis il devenait de plus en plus pressant mais je n'avais pas envie de le bloquer comme un malpropre - ah franchement, moi et ma conscience... - alors, j'essayais de lui expliquer mais il ne comprenait pas. Et puis il y a deux mois, il me disait carrément que je lui manquais. J'en ai eu assez, il fallait faire quelque chose. Mon meilleur ami et mon cher prof d'anglais étaient d'accord : je devais l'ignorer. Et bin, franchement, c'est dur. Quand vous avez quelqu'un qui vous bouche littéralement l'écran alors que vous être en train de bosser sur Feuer und Wasser de Heym (oui, je me suis inspirée de mes classiques), vous n'avez pas particulièrement envie d'attendre qu'il raccroche enfin. Bref, j'ai tenu bon, ne rien faire, surtout ne rien faire. J'ai eu mes trois semaines de pause danoises tout juste délicieuses et quand je suis rentrée les appels ont repris. Non ! Pense à ce que t'ont dit tes chers amis. Sophranise comme dirait ta mère. J'ai craqué. Je lui ai dit que j'avais un nouvel ordinateur (tout à fait vrai, je vous présente donc Hector puisqu'Alphonse m'a lâchée comme un pleutre), pas de micro (pas entièrement faux, demandez à mon cher prof d'anglais qui essaie de comprendre ce que je dis à travers les bruits immondes de radio qui capte mal) et que je travaillais, ça aussi, c'est vrai ! J'ai de la traduction en cours et la journée je bosse à la Défense. Eh bin, figurez-vous qu'il ne m'a pas crue ! Unglaublich ! Le miracle a eu lieu. Il a cru que je ne voulais plus lui parler et que j'inventais des excuses bidon. Je suis d'accord pour la première partie, la deuxième, faut pas pousser. Le lendemain, il me dit qu'il aimerait tellement parler avec moi, que je lui manque et j'en passe des vertes et des pas mûres. Je ne réponds pas et le lendemain encore il me demande pourquoi je l'ignore. Aujourd'hui : "eh bin, si c'est comme ça, salut !" Que de joie, que de bonheur. J'ai hurlé alléluia dans ma chambre comme une sauvage pendant une bonne heure, scandée de foux rires. J'ai remercié le ciel et mes amis. Mon dieu que c'était bon.
Et voici enfin, le dernier spécimen. Là, c'était tous à la fois ou presque. Donc, la situation est différente. Oubliez les ordinateurs, les chats (à prononcer à l'anglaise et rien à voir avec l'animal qui se trouve actuellement sur mon lit à ronronner plus fort qu'une chaudière), les vieux pervers, tout ! On reprend depuis le début. Un mec dans ma classe en première année. Niveau 99. Patient et plein de ressources. Armes : les sentiments.
Tranquille, rien de plus banal. Il a l'air cool, il joue de la basse - mon frère et mon meilleur ami aussi - donc je ne me méfie pas. On sympathise, on reste vaguement en contact pendant les vacances et on décide de manger ensemble. Ce que j'oublie bêtement c'est que mon meilleur ami n'est pas tout le monde (et oui, sinon, ce ne serait pas mon meilleur ami) et donc je parle à ce garçon comme si je parlais à mon meilleur pote. Méga erreur. Oui, je sais, j'ai encore beaucoup à apprendre. Bref, on décide de manger les mercredi midi ensemble puisque selon nos nouveaux emplois du temps, c'est ce qui nous convient le mieux pour continuer à discuter. Ok. Ca va, c'est cool, j'ai un pote, c'est marrant, on rigole, j'apprends plein de trucs mais je ne vois pas l'iceberg venir. Et un jour, c'est Titanic (enfin, je dis ça mais la seule fois où je l'ai vu c'était sans le son et Aïcha en bande sonore donc, l'effet dramatique en prend un coup), il me demande si je veux changer de table. Euh bin non, pourquoi ? Bin celle-là est bancale. Bah c'est pas grave. Bizarre. Il me raccompagne jusque devant la porte de ma salle - tout en haut des 104 marches. Alors là, désolée mais un mec normal n'aurait jamais fait ça ! Roh, c'est bon, je plaisante, après on va croire que je suis féministe. Oui, je sais rien à voir. Bref, franchement étrange. Il m'envoie des sms, toujours signé de "^^", j'avoue que pendant un temps j'ai été allergique à ce smiley, de fait. Mais je n'ai pas fini, parce que là, franchement où est le problème ? Bin le problème est qu'il a commencé à m'appeler. Et ça, oh non, je n'aime pas. Bon, ok, mes amis m'appellent, j'adore mais quand je connais à peine quelqu'un - lui, en l'occurence - bof, j'aime pas le téléphone. Mais il m'appelait pour savoir comment ça allait, si ça tenait toujours pour mercredi, et puis un week-end, il faisait beau et il m'appelle pour m'emmener à la plage. Oula ! Dans le langage mi oula est très spécifique. Exclamation désignant le choc émotionnel vif. Donc heureusement que j'étais avec mes amis et que j'avais une bonne excuse pour dire "non". Parce que règle numéro 3 (les deux premières sont relatives à l'anglais) ne jamais aller seule avec un garçon quand on est dépendante de lui motorisant parlant. La plage, que je vous situe un peu les choses, se trouvent à quelques kilomètres mais hors de question de rentrer à pied, c'est trop loin et comme vous le savez, je ne suis pas sportive. Donc non, tu comprends, là je suis avec mes amis, mais une prochaine fois si tu veux. Ok. La semaine suivante, on remange ensemble, j'en peux plus de ses "petites" attentions, la table bancale, aller chercher l'eau, il irait presque jusqu'à me tirer ma chaise pour que je m'assois. Quand je suis avec un ami, on est égaux. J'étais vraiment déstabilisée. Et quasiment tous les deux jours, j'avais un sms, un mail ou je ne sais quoi. Signé bisous, ^^ ou ;) Au secours ! Franchement, c'était lourd. Il m'a appelée pour me dire qu'il était vraiment triste de ne pas pouvoir venir le mercredi. J'en étais soulagée et depuis, je me débrouillais pour ne plus manger seule avec lui et j'amenais ma clique avec moi. Finalement, l'année est passée sur le même rythme. Mon meilleur ami me disait de lui dire que je n'avais plus envie de lui parler mais je n'avais pas envie d'être une garce. Mais c'est ce que j'ai fait. Je commençais à faire des cauchemars à cause de tous ces mails, sms, appels, que je ne dormais quasiment plus. Mes parents ne comprennaient pas pourquoi je pleurais pour un rien (mon côté fleur bleue est omniprésent) et puis, j'ai lâché mon sac. Je me suis faite gronder comme ce n'est pas permis et j'ai écrit le mail qui tue. Aidée par mon frère et soutenue par mon meilleur ami comme toujours - heureusement qu'il est là celui-là ! Je signe et je reçois un mail une semaine après. Ok mais si tu veux qu'on reparle, je serai toujours là. Fin de l'histoire.
Tout ça pour dire que ces moments-là, on les déteste sur le coup. Quand ils se terminent, on danse la polka mais on s'en souvient toute sa vie et surtout, ils ne faut pas les oublier. Ca nous fera toujours des histoires à raconter.
Mi